1 an sans toi
3 septembre 2021
Quelle dure journée aujourd’hui. Devrais-je dire plutôt quelles dure semaine et année que nous venons de passer ? J’appréhendais cette journée depuis près d’un mois déjà. Voilà que sans le vouloir, je n’arrête pas de repasser en boucle les derniers moments passés avec toi ma poulette.
Celui qui me vient en tête présentement est l’un des derniers câlins lorsque je t’habillais le matin. Tu étais assise sur le rebord de ton lit, nous avions les yeux dans les yeux, tu m’as serré longtemps dans tes bras sans vouloir relâcher ton étreinte. Je me souviens clairement de t’avoir dit à ce moment que tu avais bien raison de vouloir continuer notre câlin, car c’était bien plus important que tout le reste. Tu avais bien compris l’importance de profiter de chaque petit moment ! Je me souviens aussi de nos derniers selfies, à quel point tu étais toujours partante pour faire des photos, une vraie « miss Kodak ». Toute petite même quand tu n’étais pas le sujet principal, si tu étais dans le champ de vision de la photo, on pouvait voir ta binette bien souriante fixer l’objectif. Le moment que je me remémore surtout est comment tu t’es endormie pour une dernière fois sur mon épaule. Si c’était encore possible, j’aimerais tellement sentir ta tête de plus en plus lourde contre mon épaule ainsi que la chaleur de ton corps contre mon flanc. Il y a peu de choses dans la vie qui est aussi doux qu’un enfant qui s’endort sur soi. Ton abandon total et ta confiance absolue venaient me chercher à chaque fois. Je savais clairement que tu étais bien et que c’était un moment privilégié. Tu aimais particulièrement qu’on te prenne dans nos bras pour te coller sur notre cœur. Je te revois encore dans les bras de papa où à plusieurs reprises tu t’es endormie dans ses bras. Tu t’installais confortablement, tu soupirais de bien-être avant de tomber dans les bras de Morphée en quelques instants seulement.
Ma tête comprend que tu sois partie, mais mon cœur a beaucoup de difficulté à s’y faire, c’est un combat continuel entre ma tête et mon cœur. Je ne peux pas croire qu’il y a maintenant 365 jours que je ne t’ai pas prise dans mes bras, que je n’ai pas senti ton souffle dans mon cou. Le plus dur est de penser que ce n’est que le début d’une longue aventure sans toi et cela me déchire.
Tu te souviens quand nous sommes allés faire couper tes cheveux après ton hospitalisation aux soins intensifs ? Tes cheveux étaient vraiment longs et durant ton séjour à l’hôpital cela nous a causé quelques problèmes techniques quand venait le temps de les laver. L’accessoire pour te faire un shampoing (guitare) était nettement trop petit pour toute ta tignasse. Il semblerait que personne de l’unité des soins intensifs n’avait vu une chevelure aussi longue se faire laver dans cet appareil. La journée de ta coupe de cheveux, nous les avions lavées avec ton shampoing aux fraises. J’ai conservé ta belle tresse dans mon tiroir et à quelques reprises, je suis allée sentir tes cheveux. À chaque fois, c’est fou comme l’odeur me ramène à toi, comme si tu étais tout près de moi. À l’extrémité de ta tresse, il y a encore tes cheveux bouclés. L’instant d’un moment quand je la tiens dans mes mains j’ai l’impression que je te caresse les cheveux. Je m’ennuie de jouer dans tes cheveux et te faire toutes sortes de tresses, tu étais devenue une experte pour te faire coiffer. J’en viens à croire que ton gène de fille pour la coiffure n’était pas atteint !
Ta voix me manque terriblement mon amour, certaines journées je réécoute les vidéos où tu vocalises juste pour combler le silence qui perdure depuis ton départ. J’aurais tellement aimé que la technologie soit de notre côté à l’époque pour pouvoir t’entendre encore dire « je t’aime » comme tu le disais si bien. Le silence est lourd, c’est peu dire, mais je m’ennuie même d’entendre en boucle Elmo !!! Je suis tombée à quelques reprises sur de petites vidéos durant la dernière année et je me suis surprise à les écouter !!!
Je te revois encore lors de ton dernier bain la veille de ton départ. Nous étions arrivés au phare en début d’après-midi. À l’heure du souper, nous t’avons donné un bain chaud comme tu les aimais, après avoir lavé tes cheveux et ton corps, nous avons activé le remous dans le bain pour te détendre. Un vrai traitement royal digne d’un spa ! Tu aimais tellement l’heure du bain, ce soir-là malgré ta fatigue, tu avais un immense sourire comme toujours. Tu bougeais tes jambes comme si tu dansais, comme si de rien n’était. J’étais loin de me douter qu’à pareille heure le lendemain tout serait terminé.
Dans ma tête, je repasse en boucle sans le vouloir ton dernier 24 h, celui où on ne se doutait pas qu’on était rendu là. J’avais beau savoir que tu allais nous quitter éventuellement, mais j’ignorais encore que le décompte du temps était commencé, le point de non-retour était finalement arrivé. Dans la voiture en route vers le phare tu regardais comme toujours tout ce qui se passait à l’extérieur. Quand je t’ai demandé une fois de plus « c’était qui la coquine ? », tu as fait danser tes jambes et tu m’as fait un magnifique sourire que je n’oublierai jamais. Tu étais seulement contente d’être là. Dernièrement, une personne m’a dit qu’elle se souviendrait longtemps de toi puisqu’à ses yeux tu étais inoubliable, selon elle tu dégageais le bonheur à l’état pur. J’ai été très touchée qu’elle pense cela de toi, car elle a entièrement raison.
J’aime entendre parler de toi, cela me confirme ce que je savais déjà, mais d’entendre comment tu as touché les gens me fais chaud au cœur. Tu étais une jeune fille formidable ! Ce que je réalise de plus en plus, c’est que j’ai besoin de parler de toi. Chaque fois que je parle de toi, c’est comme si je te faisais revivre, mais à l’inverse, quand on n’ose pas me parler de toi, j’ai l’impression que tu meurs à nouveau, c’est très difficile pour moi. Il faut comprendre que l’une des dernières choses qu’il me reste de toi, c’est de cultiver ta mémoire.
Aujourd’hui, j’ai une pensée particulière pour toutes les familles qui ont passé ou qui passeront par où nous sommes passés. Devoir dire adieu à son enfant est la chose la plus difficile qu’on peut vivre, te survivre mon amour, c’est vivre chaque jour avec un grand vide en moi qui ne sera jamais comblé. La vie d’avant ne reviendra jamais, il faut apprendre à avancer malgré tout et c’est extrêmement difficile. Nous avons traversé mille et une tempêtes, appris à voguer en eau très agitée, mais maintenant nous devons apprendre à traverser un grand désert.
Commentaires
Enregistrer un commentaire