3 mois


3 mois 

De jour en jour, ton énergie diminuait, la constatation s’est faite d’elle-même. Ton corps n’en pouvait plus de cette bataille, de ce quotidien. Jour après jour , mois après mois, année après année, c’était assez. Ta pile interne ne se rechargeait plus aussi bien.

Il y a si peu de temps, rien de nous laissait prédire ce qui s’en venait sournoisement. Peu importe notre dévouement et l’amour que nous te donnions, le tic tac de ton horloge interne avait commencé à sonner. Tout doucement comme une berceuse au début, mais de plus en plus puissante plus le temps passait. Il fallait en venir à la conclusion qu’on allait devoir prendre des décisions. Le genre de décisions que personne ne veut prendre et encore moins pour son enfant. 

Heureusement, la vie a mis sur notre chemin des anges qui nous ont guidés à travers cette tempête. Le genre de tempête que tu ne peux traverser seul. Le genre de tempête entre le cœur et la raison. Si tu savais à quel point ce fut difficile. Ces anges nous ont aidés à ne pas nous sentir coupables face à ces décisions. Peu importe le moment, ils étaient présents pour nous. 

Chaque moment en ta présence me rappelait que la vie est fragile, que tout peut basculer d’un instant à l’autre. On ne doit jamais rien tenir pour acquis. La boîte à souvenir en moi a essayé d’attraper chaque petit moment au vol, aussi minime que les étincelles d’un feu. J’ai essayé d’emmagasiner tout ce que je pouvais, mais aujourd’hui, j’ai l’impression que quelques morceaux me filent entre les doigts. Si tu savais comme j’ai peur d’oublier la moindre parcelle des moments passés avec toi. Déjà, j’en suis à me poser des questions sur comment tu me serrais dans tes bras.

Chaque photo et vidéo de toi me rappelle ces moments, mais j’ai peur d’oublier ton toucher, tes câlins. Les images restent, mais pas les gestes ni le toucher. Peut-être qu’un jour quand les câlins seront permis de nouveau, je ressentirai cette même sensation dans les bras de quelqu’un ? Que l’espace d’un moment, j’aurai l’impression que c’est toi qui me fais un câlin.

Assise à mon bureau, je vois ton beau visage à travers les dernières photos de toi. J’ai l’impression que cela fait une éternité que tu es partie, comme si c’était dans une autre vie. 

Le plus important pour nous a toujours été ton bien-être, ton bonheur. J’aurais continué à tenir à bout de bras tous les soins que tu avais besoin si cela avait aidé, même si la fatigue était immense. J’aurais même donné ma vie pour que tu puisses vivre la tienne normalement. Personne ne devrait passer par le chemin qui t’a été tracé. Si les gens savaient tout ce que la vie a mis sur ton chemin, ils en seraient découragés. Beaucoup auraient jeté l’éponge bien avant. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que tu as fait de nous de meilleures personnes, des gens ouvert d’esprit, mais surtout prêt à profiter de la vie même quand la tempête fait rage. 

Malgré tout ce que la vie a apporté comme épreuve jamais je n’ai eu de regret face à la situation. T’avoir avec nous a été un immense cadeau du ciel. Même dans les moments les plus durs, l’important a toujours été de voir des étoiles dans tes yeux. C’était le signe pour moi que tu voulais poursuivre ta route. 

Cette fois-ci, tu auras encore réussi à nous surprendre. De toutes les hypothèses que nous avions envisagées, tu nous auras encore surpris. Quand tu t’es endormie pour la dernière fois, c’est avec le sourire aux lèvres, ton corps lové contre le mien, ta tête sur mon épaule. Quelle chance que j’ai eu de t’accompagner vers le sommeil. Ce fut la dernière fois que j’ai vu briller tes yeux, au petit matin c’est le même regard qui m’a alerté. Un regard dépourvu d’étincelles. Comment en si peu de temps tout a changé ? En quelques minutes à peine, nous aurons appris ton départ imminent et ton départ officiel. Tu m’auras donné la chance de t’accompagner jusqu’à la toute fin.  Dans mes bras, collés sur mon cœur où tu auras poussé ton dernier souffle au son de ta chanson préférée. À quel point étais-tu consciente à ce moment je ne saurais le dire, mais j’ose croire que tu attendais mes bras pour pouvoir t’envoler. Ce fut le moment le plus difficile de toute ma vie, mais j’ai gardé le cap en chantant ta chanson pour que tu puisses entendre ma voix jusqu’à la toute fin.

Lorsque je t’ai senti relâché, j’ai su que tu avais quitté ton corps. Tu étais maintenant libéré de ce corps qui t’avait donné tant de fil à retordre. Ton corps aura eu le dernier mot, ce fut lui qui décida que c’était le plus loin que tu pouvais aller. 


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